Le cheptel
bovin du Bénin s'élève à près d'un million de têtes. Le département du Borgou,
au nord du pays, abrite plus de 65 pour cent de l'effectif national.
Dans le
cadre du projet Développement de l'élevage dans le Borgou-Est
(PNUD/FAO/BEN/88/012), un programme d'étude de la race Borgou en milieu
traditionnel a été lancé avec pour objectifs, entre autres, d'approfondir la
connaissance des systèmes d'élevage et d'améliorer les niveaux de performance.
Dans le
passé, des systèmes d'élevage traditionnels ne bénéficiaient que d'un intérêt
tout relatif. Le potentiel génétique et les qualités du bétail local étaient
jugés comme trop faibles. Avec les échecs successifs d'introduction de bétail
importé, un changement d'attitude s'est opéré envers les races locales et les
systèmes d'élevage traditionnels.
Les
informations disponibles sur la productivité des races africaines en général et
de la Borgou en particulier demeurent peu importantes. L'article reprend les
observations de cinq années d'étude (de 1988 à 1992) sur les systèmes
traditionnels d'élevage dans la zone du projet et permet de disposer
d'informations plus précises sur la productivité de la race bovine Borgou, race
trypanotolérante relativement méconnue.
L'étude
s'est déroulée de 1988 à 1992 dans les sous-préfectures de Nikki, Kalale et Segbana,
à l'est du département du Borgou (voir la carte). Le périmètre d'étude est
situé entre 3° 10' et 3° 50' de longitude est et entre 9° 45' et 11° de
latitude nord, à une altitude de 350 m.
Le milieu
est sous l'influence du climat soudanien, la saison des pluies dure
approximativement cinq mois (de la mi-mai à la mi-octobre) avec une
pluviométrie moyenne de 1200 mm, en 70 jours de pluie. L'harmattan, vent froid
et sec, souffle en décembre. Les températures moyennes annuelles sont de
l'ordre de 26 à 27°C.
Le paysage
est un ensemble varié de forêts claires aux différents types de savanes
entrecoupées de galeries forestières. Celles-ci sont faiblement infestées par Glossina
tachinoides et G. palpalis gambiensis.
Les essences dominantes sont Khaya
senegalensis (cédrat), Adansonia digitata (baobab), Vitellaria
biglobosa (karité), Parkia biglobosa (néré). La zone soudanienne
abrite une strate herbacée à dominance de graminées qui brûle chaque année.
L'élevage
extensif traditionnel est dominé par deux systèmes d'exploitation des pâturages
naturels. D'une part, le système transhumant, caractérisé par une grande
mobilité et un faible lien avec l'agriculture.
D'autre part, le système
sédentaire, où l'élevage associé à différentes cultures (de subsistance ou de
rente) occupe les zones situées aux alentours des villages (Ministère du
développement rural, 1989).
L'élevage
bovin est l'apanage des éleveurs Foulbés (Peurs rouges) et Gando (Peurs noirs)
qui détiennent près de 95 pour cent du cheptel.
Les éleveurs Foulbés accordent
plus d'importance à la production animale tout en pratiquant une agriculture
d'autoconsommation, tandis que les Gando ont diversifié leurs productions en
accordant autant d'importance à l'élevage qu'à l'agriculture (igname, maïs,
sorgho et coton).
Le schéma de
transhumance est déterminé par les besoins hydriques, nutritionnels et sanitaires
du bétail et par les besoins socio-culturels des éleveurs.
Ceux-ci ont des
campements permanents où quelques membres de la famille, les personnes âgées en
général, et quelques vaches allaitantes restent toute l'année, tandis que les
autres s'en vont et remontent à l'hivernage.
Dans la zone
d'étude, 53 pour cent des troupeaux transhumants vont au Nigéria, 25 pour cent
dans une autre région du département et le reste des troupeaux se déplace vers
le sud de la zone du projet, soit entre 25 et 150 km (Ministère du
développement rural, 1989).
Les animaux
sont des taurins de race Borgou issus d'un croisement stabilisé de taurins à
courtes cornes d'Afrique occidentale (en particulier, la Lagune et le Somba) et
de zébus Fulani blancs (Felius, 1985).
On trouve également ces bovins au Togo,
au Burkina Faso et au Nigéria (sous le nom de Keteku).
La race
Borgou est considérée comme trypanotolérante. Jusqu'à récemment, il n'existait
pas à vrai dire d'étude confirmant la trypanotolérance (Ministère du
développement rural, 1986), mais les récents travaux de Doko (1991) confirment
cette qualité: le niveau moyen de trypanotolérance de la Borgou est identique à
celui de la Lagunaire. D'autres études en cours dans le cadre du projet
PNUD/FAO régional Trypano-tolérance devraient apporter bientôt des
renseignements supplémentaires (Gnaho, communication personnelle).
L'enquête a
porté sur neuf troupeaux Borgou - cinq transhumants et quatre sédentaires - qui
comptaient 560 têtes au début de l'étude. Ces troupeaux ont été choisis en
raison de leur accessibilité et de la réceptivité de l'éleveur.
Dès la
première visite, chaque animal a été bouclé. Le sexe, la couleur de la robe
ainsi que son nom Foulbé ont été notés sur une fiche individuelle. L'âge a été
déterminé suite à l'examen de la table dentaire et des réponses de l'éleveur.
Des visites
régulières de l'équipe centrale du projet (tous les deux mois) permettaient de
vérifier et d'enregistrer les différents renseignements recueillis par les
agents d'élevage responsables de ces troupeaux. A chaque visite, les animaux
malades étaient examinés, éventuellement traités pour aider à garder motivés
certains éleveurs, tout en interférant au minimum avec les résultats du système
d'élevage existant.
Ces
informations ont permis de calculer les performances de reproduction et de
production des deux systèmes d'élevage traditionnels (SEDES, 1977; Bonhivers et
De Ketele, 1986).
Conduite des
troupeaux
Les veaux ne
sont mis au pâturage qu'à l'âge de 3 à 4 mois; jusque-là, les jeunes animaux
sont gardés en groupe auprès des campements pendant que le reste du troupeau
pâture. Les veaux sont attachés la nuit pour les empêcher de téter leur mère
lorsque le lait est destiné à la consommation humaine.
En général,
les bovins sont gardés par de jeunes bouviers, sous la responsabilité d'un
bouvier de métier. Lorsqu'ils ne se déplacent pas en transhumance, les
activités d'élevage ont lieu le jour. Les animaux sont attachés la nuit au
piquet par une corde. Le taureau peut rester libre et circuler parmi les
femelles, voire même dans les troupeaux voisins qui n'auraient pas de
reproducteurs.
En moyenne
annuelle, les bovins sortent huit heures par jour; 20 pour cent de ce temps est
perdu en déplacement, la pâture et le repos/abreuvement représentant 75 et 5
pour cent respectivement du temps global.
En saison
sèche, les animaux se déplacent après la traite matinale vers 8-9 heures et
reviennent vers 18-19 heures, soit à peu près 10 heures de pâturage. Ils vont
s'abreuver entre 12 et 13 heures.
En saison
des pluies, les travaux agricoles nécessitent tous les bras valides (95 pour
cent des éleveurs de la zone pratiquent une agriculture d'autoconsommation) et,
par conséquent, les animaux ne sont libérés qu'après les travaux champêtres. La
durée de pâturage diminue fortement, les bovins sortent vers 10-11 heures et
reviennent plus tôt, vers 16-17 heures.
Certains
transhumants font pâturer leurs animaux la nuit; le troupeau revient alors au
campement vers 3 heures. Dans les zones où les deux types de troupeaux se
côtoient, les éleveurs transhumants amènent leurs animaux en pâture une à deux
heures plus tôt que leurs homologues sédentaires. Dès lors, les animaux
sédentaires se nourrissent pratiquement sans interruption, avec un temps de
repos et de rumination trop court qui ne respecte pas le rythme physiologique.
Les effets
d'une restriction du temps de pâture sur la productivité a déjà fait l'objet de
plusieurs études (citées par Bayer, 1986). On constate des gains moindres et
des pertes de poids plus importantes chez les animaux qui ne pâturent que sept
heures par jour en saison sèche par rapport à ceux qui se nourrissent 11
heures. Ce temps de pâture contribue à affecter la productivité des troupeaux, les
animaux pouvant difficilement satisfaire leurs besoins nutritionnels sur une
aussi courte période. Les éleveurs invoquent plusieurs raisons pour justifier
ces courts temps de pâture: le risque d'infestation parasitaire est plus élevé
en début de matinée pendant l'hivernage; l'humidité a un effet négatif sur les
fourrages ingérés; les animaux repus sont plus difficiles à manier; les besoins
en main-d'œuvre de l'élevage et de l'agriculture sont concurrentiels; le
pâturage de nuit expose les animaux aux fauves et aux voleurs.
Taille des
troupeaux
L'effectif
moyen d'un troupeau étudié est de 64± 12 têtes, relativement modeste par
rapport aux grands troupeaux rencontrés dans les pays voisins (Jahnke, 1984;
Ministère du développement rural, 1989; ANDE, 1990). Les moyennes établies pour
les deux modes d'élevage sont significativement différentes (à 5 pour cent)
(tableau 1). Les éleveurs sédentaires ont des troupeaux moins importants (56
animaux) que les éleveurs transhumants (70 animaux). Les ressources en eau et
en pâturage en saison sèche limitent le nombre de bovins aux alentours des
villages.
Selon une
étude socio-économique (Ministère du développement rural, 1989) réalisée dans
la zone du projet, la taille moyenne des troupeaux atteindrait 54 animaux (tous
éleveurs confondus). La taille du troupeau varie également en fonction de
l'importance du groupe familial de l'éleveur; selon Boni (1989), on compte de
45 animaux pour 1 à 10 personnes à 150 animaux pour un groupe familial de 30
personnes. Il y a donc dominance des petits et moyens troupeaux.
En calculant
qu'un ménage moyen Foulbé compte environ six personnes pour un troupeau de 40
animaux, on s'aperçoit que le troupeau est insuffisant pour permettre à une
famille de subsister uniquement grâce au lait (autoconsommation, troc ou
vente). Awogbade (cité par CIPEA, 1984) a mis au point une formule de
régression linéaire permettant de déterminer le nombre de bovins nécessaires à
une famille pour subsister uniquement grâce au lait, soit y = 30,5 + 9,3 x, où
y est la taille du troupeau attendue pour un ménage de x membres. Cela explique
pourquoi plus de 97 pour cent des éleveurs Foulbés de la zone ont recours à une
culture de céréales d'autoconsommation (sorgho et mil) comme activité
secondaire.
Structure
des troupeaux
Globalement,
les troupeaux comptent un mâle pour trois femelles, soit 26,9 pour cent de
mâles pour 73,1 pour cent de femelles (tableau 1).
La proportion de mâles âgés
de plus de 3 ans est peu importante (8,3 pour cent), alors qu'on observe une
proportion importante de vieilles femelles (14,7 pour cent des femelles ont
plus de 10 ans).
(Cette remarque est d'autant plus vraie dans les troupeaux
transhumants.) On constate une diminution du pourcentage attendu des femelles
dans les classes d'âge 4-5, 5-6 et 6-7 ans. La proportion de reproductrices
dans les troupeaux est de 40 pour cent, dont les deux tiers sont en lactation à
n'importe quel moment de l'année.
Le nombre de
vaches reproductrices (de plus de trois ans) par taureau est de 28 dans les
troupeaux sédentaires et de 45 dans les troupeaux transhumants. Ces proportions
ont des effets négatifs sur les performances de reproduction, d'autant plus que
les taureaux sont très jeunes.
Les éleveurs
vendent leurs taurillons très tôt, pour satisfaire la demande des agriculteurs
en animaux de trait pour la culture du coton; cédés jeunes, ces animaux
commencent à travailler vers 4 ans. Comme les agriculteurs préfèrent les
animaux entiers et que la race Borgou est très placide, la pratique de la
castration est peu répandue.
La
diminution du pourcentage attendu de femelles dans les classes d'âge
susmentionnées est à mettre en relation avec des périodes d'épizootie de peste
bovine et de grandes sécheresses en 1983 et 1984, années où les mortalités et
les ventes ont été importantes.
Par
attachement, les éleveurs conservent dans leur troupeau un nombre relativement
important de vieilles vaches, rescapées des nombreuses épizooties.
Enfin, cette
structure démographique, où la proportion des reproductrices tourne autour de
40 pour cent, confirme la spécialisation des troupeaux dans la production
laitière. Le lait, en effet, représente un constituant essentiel de la ration
alimentaire des éleveurs (mélangé à du mil ou à du sorgho) et leur assure un
revenu régulier.
Origine des
animaux
Le nombre
d'animaux nés dans l'exploitation est très important (91,2 pour cent) (tableau
2). A ce sujet, aucune différence n'a été relevée entre les deux modes
d'élevage.
Le confiage
(4 pour cent), l'achat (2,7 pour cent), le don (0,7 pour cent) et l'échange
(1,4 pour cent) permettent d'augmenter l'effectif du troupeau. L'échange, qui
porte de préférence sur les mâles, permet aux éleveurs d'améliorer
empiriquement leur troupeau par un apport de nouveau sang.
Dans la zone, on
constate une nette tendance à vouloir introduire un géniteur de race zébu dans
les troupeaux Borgou afin d'augmenter le gabarit et le potentiel laitier des
animaux au détriment de la trypanotolérance, de la résistance aux tiques (et
aux maladies) et de la rusticité alimentaire.
Dans un échantillon de 166
troupeaux, près de Nikki, 59 troupeaux (35,6 pour cent) avaient un reproducteur
de sang Borgou, contre 40 troupeaux (24 pour cent) et 67 troupeaux (40,4 pour
cent) ayant respectivement un reproducteur métis (Borgou x zébu) et zébu
(majoritairement Fulani blanc) (Dehoux, 1992a).
Par tradition, les éleveurs
transhumants préfèrent avoir un zébu dans leur troupeau, puisque 45,7 pour cent
des troupeaux transhumants en possédaient un, contre 30,5 pour cent des
troupeaux sédentaires.
Selon l'usage, un taurillon MBororo rouge de 2 ans
s'échange contre trois taurillons Borgou du même âge. Ils allient aux qualités
citées la qualité d'excellent marcheur du zébu.
1 Structure
démographique des troupeaux bovins Borgou suivant le mode d'élevage, 1988 -
Demographic structure of Borgou cattle herds according to existing production
systems, 1988 - Estructuras demográficas de los bovinos Borgou según los
sistemas de explotación, 1988
Age
(années) |
Mode d'élevage
|
|||||
Sédentaire
n = 217 |
Transhumant
n = 341 |
Ensemble
n = 558 |
||||
Mâles
|
Femelles
|
Mâles
|
Femelles
|
Mâles
|
Femelles
|
|
(pourcentage)
|
||||||
0-1
|
18,9
|
15,2
|
15,6
|
17,9
|
16,7
|
16,4
|
1-2
|
6,9
|
11,0
|
3,5
|
8,9
|
5,3
|
9,8
|
2-3
|
3,2
|
7,4
|
1,7
|
8,9
|
2,7
|
8,2
|
3-4
|
1,4
|
6,9
|
0,6
|
6,1
|
1,2
|
6,8
|
4-5
|
0,4
|
2,7
|
0,6
|
3,2
|
0,7
|
2,9
|
5-6
|
-
|
3,7
|
0,3
|
3,5
|
0,3
|
3,8
|
6-7
|
-
|
1,4
|
-
|
1,7
|
-
|
1,9
|
7-8
|
-
|
6,4
|
-
|
5,5
|
-
|
5,9
|
8-9
|
-
|
1,8
|
-
|
3,8
|
-
|
3,2
|
9-10
|
-
|
5,0
|
-
|
5,5
|
-
|
3,4
|
10-11
|
-
|
1,8
|
-
|
3,8
|
-
|
3,4
|
> 11
|
-
|
5,9
|
-
|
8,9
|
-
|
7,4
|
Nombre
moyen d'animaux par troupeau
|
561
|
701
|
64
|
1 Moyenne significativement
différente (p < 0,05).
2 Origine
des animaux suivant le mode d'élevage - Origin of animals according to
husbandry systems - Procedencia de los animales según el sistema de explotación
Origine
|
Mode d'élevage
|
||
Sédentaire n = 235
|
Transhumant n = 366
|
Ensemble n = 601
|
|
(pourcentage)
|
|||
Exploitation
|
91,6
|
90,1
|
91,2
|
Confiage
|
3,7
|
4,8
|
4,0
|
Achat
|
2,5
|
3,1
|
2,7
|
Don
|
0,6
|
0,5
|
0,7
|
Echange
|
1,6
|
1,5
|
1,4
|
3 Paramètres
de reproduction et de production suivant le mode d'élevage - Reproduction and
production parameters as related to exploitation systems - Parámetros de
reproducción y de producción según el sistema de explotación
Paramètres
|
Mode d'élevage
|
|||
Sédentaire
|
Transhumant
|
Ensemble
|
||
Reproduction
|
||||
Taux de
fécondité (%)
|
64,4
|
66,9
|
65,4
|
|
Age à la
première mise bas (mois + jours)
|
42+20
|
45+17
|
43+16
|
|
Intervalle
entre mises bas (mois +jours)
|
15+8
|
17+18
|
16+3
|
|
Production
|
||||
Taux de
mortalité (%)
|
||||
global
|
5,71
|
9,01
|
7,5
|
|
0-1 an
|
18,71
|
26,61
|
23,1
|
|
1-4 ans
|
1,21
|
4,11
|
2,8
|
|
> 4 ans
|
3,2
|
3,2
|
3,1
|
|
Taux
d'exploitation (%)
|
13,81
|
10,21
|
11,8
|
|
Taux de
croît (%)
|
3,2
|
4,0
|
3,9
|
1 Moyenne significativement
différente (p < 0,05).
1 Répartition des naissances selon le mois - Diagram
of birth distribution per month - Distribución mensual de los nacimientos
Taux de
fécondité
Pour
l'ensemble des troupeaux étudiés, le taux moyen de fécondité est de 65,4 ± 13,1
pour cent (tableau 3). Aucune différence significative n'est observée entre
troupeaux transhumants et sédentaires (à 5 pour cent).
La figure 1
révèle une périodicité dans les naissances. La courbe bimodale présente un
premier pic entre mars et mai (40 pour cent des naissances de l'année), correspondant
à un retour en chaleur des femelles à la reprise des pluies en mai-juin Un
second pic, moins important (25 pour cent des naissances), se situe entre août
et novembre et est en relation avec un retour en cycle d'une partie des
femelles en décembre-janvier lorsque les animaux ont accès aux résidus de
culture et aux repousses consécutives aux feux tardifs.
Age à la
première mise bas
L'âge à la
première mise bas (n = 62) a été estimé à 1260 ± 180 jours, ce qui correspond à
un peu plus de 3,5 ans. La différence observée entre les femelles transhumantes
et sédentaires n'est pas significative (à 5 pour cent) (tableau 3).
Compte tenu
de ces résultats, l'âge à la première saillie fécondante se situe autour de 3
ans.
Intervalle
entre mises bas
En considérant
les intervalles (n = 162) entre mises bas dans les deux systèmes, on obtient un
intervalle moyen de 458 ± 102 jours, soit 15 mois. Aucune différence
significative n'existe entre les animaux transhumants et sédentaires (à 5 pour
cent) (tableau 3 et figure 2).
Taux
d'avortement
On observe
un taux moyen annuel de 4 ± 10,6 pour cent dans les troupeaux. Aucune
différence significative n'existe entre les deux modes d'élevage (à 5 pour
cent).
Analyse des
résultats
Les
paramètres de reproduction obtenus lors de l'étude correspondent aux
observations faites dans d'autres régions d'Afrique.
L'âge moyen
des vaches au premier vêlage sous les tropiques est de 3 à 4 ans. Le taux de
fécondité en milieu traditionnel varie de 40 à 65 pour cent.
Les
résultats n'ont pas montré de différence significative entre les deux modes
d'élevage, alors que, selon Wilson (1988), les performances des troupeaux
sédentaires sont normalement inférieures à celles des troupeaux transhumants,
qui, par leur déplacement, bénéficient de conditions nutritionnelles
relativement plus favorables.
La
sous-alimentation «absolue» (syndrome collectif des vaches maigres) retarde la
maturité sexuelle et inhibe l'activité ovarienne. La sous-alimentation
«relative», liée à la carence en minéraux, oligo-éléments et vitamines, existe
et compromet autant les chances de bonne fécondité. Selon Payne (cité par FAO,
1985), les rations composées essentiellement de graminées manquent, outre de
protéines et d'éléments énergétiques, de phosphore et de sodium (entraînant une
carence en sélénium). L'iode, le manganèse et le zinc influencent la fertilité
du bétail, tout comme l'avitaminose A, qui entraîne, après une longue saison
sèche, des dysfonctionnements sexuels.
Le caractère
saisonnier des vêlages souligne l'importance de la nutrition, qui demeure le
frein le plus important à une meilleure fécondité en milieu traditionnel. Le
premier pic de naissances coïncide avec la période de forte production de
parcours, ce qui entraîne une meilleure lactation. Les veaux arrivent ainsi à
leur première saison sèche avec un poids et un âge suffisants, leur assurant de
meilleures chances de survie.
Le choix des
reproducteurs, trop jeunes et peu nombreux, et une trop grande proportion de
vieilles femelles improductives révèlent des lacunes dans la gestion du
troupeau. Vu la faible proportion de mâles, un taureau subfertile ou stérile a
un effet désastreux sur la fertilité du troupeau. Un jeune taureau laissé en
liberté ne devrait pas saillir plus de 30 vaches (FAO, 1985); or, environ 45
pour cent des troupeaux n'ont qu'un taurillon comme géniteur.
La lactation
a également une influence négative sur la reproduction, en particulier sur le
rétablissement de l'activité ovarienne. Tant que la lactation n'est pas
terminée, la fécondation ne se produit pas (Denis, 1971).
Les maladies
infectieuses, la trypanosomose et la brucellose en particulier, sont autant de
causes limitant les paramètres de reproduction. Le taux d'avortement, toujours
difficile à évaluer, est très important dans certains troupeaux brucelliques;
les taux de fécondité dans ces troupeaux avoisinent les 35 pour cent. Alors que
le taux d'avortement est généralement estimé à 3 pour cent, Lazlic (cité par
Murray et al., 1983) observe sur du bétail Borgou en station un taux de
4,6 pour cent.
Taux de
mortalité
Un taux
moyen de 7,5 ± 3,5 pour cent a été enregistré dans les troupeaux étudiés. Les
troupeaux transhumants paient un tribut significativement plus lourd aux
différentes causes de mortalité - surtout les jeunes animaux - que les
troupeaux sédentaires (9 pour cent, contre 5,7 pour cent) (à 5 pour cent)
(tableau 3).
On note un
taux de mortalité de 23,1 ± 10,3 pour cent chez les animaux de 0-1 an,
particulièrement touchés durant les premières semaines de vie (55 pour cent des
décès) et lors du sevrage, vers six mois (30 pour cent des décès). Dans cette
classe d'âge, on constate que les mois d'octobre à février sont les plus
défavorables: 70 pour cent des mortalités de cette classe sont enregistrées en
saison sèche.
Le taux de
mortalité des adultes (3,1 ± 1,2 pour cent) est relativement satisfaisant et
indique une bonne adaptation de ces animaux à leur milieu.
Causes de
mortalité
Le veau,
comme nous venons de le dire, est particulièrement touché par les différentes
causes de mortalité. Le prélèvement d'une partie du lait pour la consommation
humaine a d'importantes conséquences négatives sur la survie du veau.
Les
animaux sont amaigris, affaiblis et meurent d'épuisement: 34,7 pour cent des
mortalités sont dues à ce fait. Les parasitoses gastro-intestinales
compliquent, avec la trypanosomose, cet état de sous-nutrition.
Causes
bactériennes. La brucellose bovine Brucella
abortus est une dominante pathologique majeure au Bénin. La prévalence
sérologique est relativement élevée: 10,7 pour cent des animaux se sont révélés
positifs dans une enquête réalisée dans la zone du projet avec le test du rose
bengal (n = 862). Au test à l'anneau, 34,2 pour cent des troupeaux testés (n =
184) ont réagi (Dehoux, 1992b). Les troupeaux transhumants sont plus contaminés
que les troupeaux sédentaires.
La
streptothricose (Dermatophilus congolensis) est une pathologie
fréquente. Des foyers existent en saison des pluies, provoquant des mortalités
chez les jeunes animaux.
Le taux
d'infection tuberculeux est de l'ordre de 0,4 pour cent (n = 1650 animaux). Ce
taux est confirmé par les inspections sanitaires de l'abattoir de Nikki.
Les charbons
symptomatique et bactéridien sont diagnostiqués tous les ans dans certaines
régions du Borgou, où l'on préconise la vaccination (Saka, Atachade et Bio
Gounou, 1991).
La
septicémie hémorragique (pasteurellose) sévit tous les ans sous la forme
d'épizootie qui débute avec le retour des pluies. Une vaccination annuelle a
lieu avant le retour des pluies.
Des foyers
de péripneumonie existent toujours dans le département. Chaque année, plusieurs
dizaines d'animaux sont abattus. Une vaccination annuelle, associée à celle
contre la peste bovine, est réalisée vers la fin de novembre.
Causes
virales. Régulièrement, le Bénin est
confronté à une épizootie de fièvre aphteuse (Dehoux et Hounsou-Ve, 1991). Les
types viraux A, O et SAT 2 ont été identifiés lors de la grande épizootie de
1990/91. Aucune vaccination n'est pratiquée.
La peste
bovine ne sévit plus au Bénin depuis plusieurs années (420 décès en 1984), mais
les risques de voir resurgir cette pathologie demeurent sérieux, car la
campagne de vaccination de 1990/91 n'a permis la couverture vaccinale que de 50
pour cent du cheptel (Lecomte, 1991).
Une épizootie de fièvre aphteuse,
l'administration d'un vaccin antipéripneumonie plus virulent et l'arrivée
tardive - chronique - des vaccins ont amené les éleveurs à fuir ces séances de
vaccination; bon nombre de transhumants étaient déjà partis lors de l'arrivée
du vaccin. En 1991, le taux de couverture a atteint 65 pour cent.
Causes
parasitaires. Les parasitoses gastro-intestinales
occasionnent des pertes importantes en raison soit des mortalités, soit des
troubles de croissance (Pullan, 1980). Le parasitisme aggrave la
sous-alimentation lactée chez le veau.
Des enquêtes
parasitologiques (Ladikpo, 1984) font ressortir que l'infection par
trichostrongylidés (Haemoncus, Ostertagia) domine le polyparasitisme
dont souffrent les veaux. Le taux d'infection par ces vers est de 83,6 pour
cent. Le nombre moyen d'œufs par g de matière fécale va de 100 à 7000. Strongyloides
papillosus et Toxocara vitulorum ont des prévalences de 29,9 et 1,7
pour cent respectivement. On trouve des coccidies dans 22 pour cent des prélèvements.
Une enquête
menée dans la zone du projet (Codjia, 1989) montre la présence des genres de
tiques Amblyoma (87,7 pour cent), Hyalomma (7,4 pour cent) et Boophylus
(4,9 pour cent). Une enquête sérologique a révélé la présence de Babesia
bovis, Theileria mutans et Anaplasma marginale (Codjia, 1989).
Trypanosomose
et trypanotolérance
La zone de
l'étude est faiblement infestée par Glossina tachinoides, G. palpalis
gambiensis et G. morsitans submorsitans. On note cependant une nette
dominante territoriale de G. tachinoides. Le nord de la région est
uniquement infesté par G. palpalis gambiensis.
Selon nos
observations et celles de Codjia (1989), on observe une faible densité
glossinienne apparente: 1,2 glossine capturée par piège et par jour. Dans
certaines zones ripicoles des rivières pérennes, cette densité peut atteindre
19 glossines (selon Taze, Cuisance et Politzar, 1977, plus de 15 glossines par
jour et par piège équivaut à une très forte densité, de 10 à 15 glossines à une
forte densité, de 3 à 10 glossines à une densité moyenne et moins de 3
glossines à une faible densité).
Une
prévalence trypanosomienne de 23,4 pour cent a été observée dans les troupeaux
(après examen d'une goutte de sang microcentrifugée). Codjia (1989) et Doko
(1991) obtiennent des taux de 25,7 et 31,4 pour cent respectivement. Malgré ce
taux important, un pourcentage élevé d'animaux adultes porteurs ne présentent
pas de symptômes (5,9 pour cent des vaches).
Par contre, les veaux et les
taureaux révèlent plus fréquemment la maladie (18,9 pour cent des veaux
porteurs et 35,8 pour cent des taureaux trypanosés).
Les veaux affaiblis, comme
nous l'avons dit à plusieurs reprises, par la sous-nutrition lactée et le
polyparasitisme sont plus sensibles à une infection trypanosomienne; les taureaux,
fatigués par un service accru, sont moins résistants (Dehoux, 1992b).
En
travaillant sur un échantillon de 69 Borgou, Doko (1991) a réalisé la détection
des anticorps trypanosomiens à l'aide du test d'immunofluorescence indirecte
(88,4 pour cent de positifs); de Testryp-Catt (75,4 pour cent de positifs) et
de la trypanolyse (2,9 pour cent de positifs).
Les résultats du test
d'immunofluorescence révèlent que 86,8 pour cent des animaux présentent des
anticorps mixtes contre les deux ou trois variétés de trypanosomes. Les animaux
porteurs contre Trypanosoma vivax seul atteignent 10,4 pour cent, contre
T. congolense, 2,8 pour cent et contre T. brucei, 0
pour cent.
4 Poids des
Borgou suivant l'âge - Weights of Borgou cattle recorded at various ages - Pesos
de los animales de raza Borgou según la edad
Auteurs
|
Veaux
|
Taurillons et génisses
1 et 2 ans |
Génisses
3 ans |
Vaches
4 ans et + |
Taureaux
3 ans et + |
|
Naissance
|
6-12 mois
|
|||||
(kg)
|
||||||
Symoens et
Hounsou-Ve, 1991
|
18,4
|
70,6
|
126,9
|
216,5
|
239,4
|
275,0
|
Diallou
(cité par Symoens et Hounsou-Ve, 1991)
|
-
|
100
|
128,9
|
156,5
|
180,8
|
-
|
Bani-Guezere
(cité par Symoens et Hounsou-Ve, 1991)
|
16,2
|
83,4
|
170,8
|
196,1
|
217,4
|
-
|
5 Poids et
mensurations des Borgou adultes - Weights and dimensions of adult Borgou cattle
- Peso vivo y medidas corporales de bovinos Borgou adultos
Sexe
|
Poids
(kg) |
Hauteur au garrot
(cm) |
Périmètre thoracique
(cm) |
Femelle
|
295
|
113
|
153
|
Mâle
|
330
|
115
|
166
|
Source: FAO, 1980
2 Histogramme des intervalles entre vêlages -
Histogram of calving Intervals - Histograma de los intervalos entre partos
Un indice
Berenil de 0,5 à 0,8, reflétant le risque d'infection, a été calculé dans la
zone de Nikki (Dehoux, 1992a).
Selon Lazic
(cité par Murray et al., 1983), le taux annuel de mortalité provoquée
par la trypanosomose parmi les vaches est de 12,2 pour cent pour la race Borgou
et de 5,4 pour cent pour la race Lagunaire, pourtant plus exposée.
Par
ailleurs, la croissance des animaux Borgou est sérieusement affectée, alors
qu'il n'en est rien pour la race des lagunes. Il en conclut que la race Borgou
est nettement plus sensible à la trypanosomose que la race des lagunes et parle
de semi-trypanotolérance pour la première. Codjia (1981) abonde également dans
ce sens.
Les récents
travaux de Doko (1991) nous apportent de précieuses indications quant au degré
de trypanotolérance de la race. Il conclut, après inoculation expérimentale de T.
brucei brucei et en suivant différents paramètres (signes cliniques,
hématocrite, parasitémie, taux d'anticorps trypanolytiques et agglutinants,
taux du complément), que la race Borgou présente des caractéristiques
semblables à la race Lagunaire et à la race N'Dama - des Borgou se sont même
révélés trypanorésistants -, mais que le degré de variation de la
trypanotolérance est plus important. Cette constatation promet des résultats
rapides en cas de sélection.
Les indices
de productivité calculés pour les troupeaux sont comparables à ceux obtenus
chez d'autres races trypanotolérantes dans des conditions analogues et soumises
à une pression glossinaire faible à moyenne.
Taux
d'exploitation
Le taux
d'exploitation (vente, don, confiage, abattage, perte) est de 11,8 ± 6,5 pour
cent pour l'ensemble des troupeaux. Comme l'indique le tableau 3, il est
significativement plus élevé pour les sédentaires que pour les transhumants
(13,8 pour cent, contre 10,2 pour cent) (à 5 pour cent).
Cette différence
s'explique surtout par le taux de mortalité plus élevé des taurillons et des
génisses dans les troupeaux transhumants, qui, dès lors, ont moins d'animaux à
vendre.
92 pour cent
des animaux exploités sont vendus ou abattus, contre 5 pour cent d'animaux
offerts. Les pertes, abattages et retraits de confiage concernent 3 pour cent
des animaux. Les taurillons (55 pour cent des animaux) et les vaches (30 pour
cent des animaux) constituent les catégories les plus exploitées.
Les mâles
sont vendus très tôt aux agriculteurs pour la culture attelée. Les vaches
réformées constituent la majorité des femelles de plus de 4 ans vendues.
L'exploitation des femelles augmente vers 4 ans, ce qui est lié, d'une part,
aux retraits de confiage et aux accidents de vêlage et, d'autre part, après 7
ans, à la réforme des animaux malades, stériles ou accidentés.
Les taureaux,
les génisses et les veaux représentent respectivement 8,4 et 3 pour cent des
animaux exploités. Loin d'être sous-exploités, les troupeaux sont plutôt
surexploités, du moins en ce qui concerne les mâles. L'éleveur rechigne à se
débarrasser de ses génisses, son futur capital laitier.
Au niveau du
département, le taux d'exploitation approchait les 12 pour cent (66000 animaux
vendus sur 555000 bovins) en 1981.
Prix de
vente
Les prix de
vente varient selon l'état, l'âge, le sexe de l'animal et suivant la saison. En
saison des pluies, les prix sont de 15 pour cent plus élevés qu'en saison
sèche; à ce moment-là, les animaux sont en embonpoint, et les éleveurs se
défont peu de leurs animaux.
Les vaches
et les génisses se vendent entre 30000 et 40000 francs CFA; les taureaux de
plus de 5 ans atteignent 45000 à 55000 FCFA, et les taurillons environ 20000
FCFA. Les animaux abattus en urgence sont vendus à des prix dérisoires de 2000
à 6000 FCFA.
Le prix du
kg de viande chez le boucher, avec ou sans os, va de 400 à 700 FCFA. L'animal
est vendu sur pied, le prix est estimé en fonction de critères morphologiques,
et les animaux ne sont jamais pesés.
Taux de
croît
Le taux de
croît observé pour l'ensemble des troupeaux est de 3,9 ± 8,3 pour cent, sans
différence significative entre les deux modes d'élevage (à 5 pour cent)
(tableau 3). De 1960 à 1986, un taux de 5 pour cent a été observé dans le
département du Borgou (Breuckers et De Hon, 1988).
Production
laitière
La
production laitière quotidienne d'une vache Borgou, en milieu traditionnel, est
estimée à 2,5 litres. Calculée sur une période de lactation de 250 jours, la
production est de 530 kg. Environ 60 pour cent de cette production est destinée
au veau.
Aucune
technique de sevrage n'est appliquée systématiquement par les éleveurs, le
sevrage étant progressif. Afin d'assurer l'approvisionnement quotidien en lait
de leur famille, les éleveurs préfèrent une production soutenue toute l'année
plutôt qu'une production élevée une partie de l'année.
Bien que
supérieure aux autres races trypanotolérantes, la production laitière de la
Borgou reste médiocre. Dans des essais de complémentation de vaches allaitantes
en graines de coton (Ogodja, Hounsou-Ve et Dehoux, à paraître), on a obtenu,
avec 1 kg de graines par jour et par vache, une production laitière supérieure
de 27 pour cent. Les coefficients de variation étaient très élevés (de l'ordre
de 20 pour cent), ce qui laisse augurer des résultats rapides en cas de
sélection.
Evolution
pondérale
Le poids
d'une femelle adulte Borgou sur pâturage naturel est d'environ 250 kg. Un
taureau peut peser plus de 280 kg (tableaux 4 et 5).
Des mesures
barymétriques réalisées sur 115 animaux ont permis de calculer une équation de
régression du poids y (kg) sur le périmètre thoracique x (cm): ln y = - 8,081 +
2,712 ln x, avec un coefficient de détermination r de 98 pour cent.
Croissance
des veaux
La
croissance des veaux et des jeunes bovins est un phénomène important
puisqu'elle détermine leur productivité future. De 0 à 8 mois, le gain
quotidien moyen est de 250 g. La croissance est influencée par de nombreux
facteurs (Ogodja, Hounsou-Ve et Dehoux, à paraître), mais les fluctuations
saisonnières sont les plus marquées: les gains les plus faibles sont
enregistrés de janvier à mars (saison sèche), avec 190 g par jour, alors qu'on
observe des gains de 360 g par jour de juin à août.
Des essais
de complémentation de vaches allaitantes en graines de coton (1 kg par jour et
par vache) ont montré que les gains quotidiens sont supérieurs de 24 pour cent
chez les veaux dont les mères reçoivent une telle complémentation.
Ces veaux
atteignent un poids au sevrage plus important, ils expriment mieux leur
potentiel de croissance et connaissent une crise de sevrage moins sévère. Ces
essais prouvent, une fois de plus, que la traite est un facteur limitant de la
croissance des veaux.
Indice de
productivité
Les
différents paramètres de reproduction et de production permettent de calculer
un indice de productivité définissant un poids total de veaux d'un an, plus
l'équivalent en poids vif de lait trait produit par 100 kg de vache élevée par
an. Cette méthode permet de comparer la productivité de différentes races
bovines dans divers systèmes d'élevage (FAO, 1980).
L'indice
moyen de productivité d'une vache Borgou est de 27,4 kg. Il n'y a aucune
différence entre les deux systèmes d'élevage (à 5 pour cent): l'indice est de
28,3 kg pour les animaux sédentaires et de 26,6 kg pour les bovins transhumants
(tableau 6).
Cet indice
correspond à ceux calculés pour les autres races trypanotolérantes élevées en
milieu traditionnel (FAO, 1980) (tableau 7).
Par contre, il est nettement
supérieur à l'indice de 13,3 kg obtenu par Lazic (FAO, 1980; cité par Murray
et al., 1983). (Les animaux élevés en station n'étaient pas traits mais
connaissaient de sérieux problèmes de fécondité.) Lopez (communication
personnelle), en se basant sur des données recueillies en 1979 et 1981, a
calculé un indice moyen de 21,7 kg pour des animaux élevés dans des fermes
d'Etat.
Par ses
qualités d'adaptation à son milieu naturel, la race bovine Borgou est un animal
d'élevage extensif supérieur au zébu dans la zone de l'étude. Il est
regrettable de constater que de nombreux éleveurs métissent leur cheptel en
introduisant un géniteur de sang zébu dans leur troupeau, à tel point que l'on
peut s'interroger sur le devenir à long terme de la race Borgou. La
constitution d'un réservoir d'animaux purs devrait permettre de préserver ce
type de bovins et d'approvisionner la région et le pays en géniteurs.
6 Indice de
productivité d'une vache Borgou en milieu traditionnel (pression glossinaire
faible) - Productivity index of Borgou cattle in their traditional environment
(low tsetse challenge) - Indice de productividad de una vaca Borgou en ambiente
tradicional (bajo nivel de Glossina)
Paramètres
|
Sédentaires
|
Transhumants
|
Ensemble
|
Viabilité
des femelles adultes (%)
|
96,8
|
96,9
|
96,9
|
Taux de
vêlage (%)
|
64,4
|
66,2
|
65,4
|
Viabilité
des veaux jusqu'à 1 an (%)
|
81,3
|
73,4
|
76,9
|
Veaux
atteignant 1 an (%)
|
52,3
|
48,6
|
50,2
|
Poids des
veaux de 1 an (kg)
|
89,5
|
89,5
|
89,5
|
Lait trait
par an (kg)
|
200
|
200
|
200
|
Vaches
achevant une lactation (%)
|
90,6
|
86,7
|
88,4
|
Equivalent
en poids vif de lait trait (kg)
|
20,1
|
19,2
|
19,6
|
Poids
total des veaux de 1 an produit par vache (kg)
|
46,8
|
43,5
|
44,9
|
Indice de
productivité par vache et par an (kg)
|
67,9
|
63,7
|
65,5
|
Poids des
femelles adultes (kg)
|
239,5
|
239,5
|
239,5
|
Indice de
productivité (kg)
|
28,3
|
26,6
|
27,4
|
7 Indice de
productivité de différentes races bovines trypanotolérantes - Productivity
index of different breeds of trypanotolerant cattle - Indice de productividad
de las diferentes razas bovinas tripanotolerantes
Paramètres
|
Races bovines
|
||||
Muturu1
|
N'Dama2
|
Lagune3
|
Baoulé4
|
Borgoul5
|
|
Viabilité
des femelles adultes (%)
|
95
|
95
|
97
|
97
|
97
|
Taux de
vêlage (%)
|
57
|
66
|
58
|
48
|
65,7
|
Viabilité
des veaux jusqu'à 1 an (%)
|
85
|
65
|
76
|
80
|
75,2
|
Poids des
veaux de 1 an (kg)
|
80
|
90
|
85
|
70
|
89,5
|
Indice de
productivité par vache et par an (kg)
|
39,8
|
50,6
|
38,4
|
32,6
|
59,7
|
Poids des
femelles adultes (kg)
|
150
|
225
|
152
|
180
|
239,5
|
Indice de
productivité par 100 kg de vache élevée par an (kg)
|
26,5
|
22,5
|
25,3
|
18,1
|
24,9
|
Source: FAO, 1980; Dehoux et Hounsou-Ve,
1991.
1 Risque de trypanosomiase faible
milieu villageois (Nigéria).
2 Risque de trypanosomiase faible milieu villageois (Guinée).
3 Risque de trypanosomiase moyen, station (Bénin).
4 Risque de trypanosomiase moyen, milieu villageois (Côte d'Ivoire).
5 Risque de trypanosomiase faible, milieu villageois (Bénin).
2 Risque de trypanosomiase faible milieu villageois (Guinée).
3 Risque de trypanosomiase moyen, station (Bénin).
4 Risque de trypanosomiase moyen, milieu villageois (Côte d'Ivoire).
5 Risque de trypanosomiase faible, milieu villageois (Bénin).
Les
performances de la race Borgou dans son milieu permettent d'obtenir une
productivité semblable à celle des autres races trypanotolérantes. De récents
travaux (Doko, 1991) ont permis de mieux apprécier son niveau de
trypanotolérance. L'analyse des systèmes d'élevage montre que le patrimoine
génétique de la Borgou est mal exploité; on est très loin, en effet, des
performances enregistrées en milieu amélioré (par exemple le monastère de
l'Etoile, Parakou, Bénin).
II est dommage que cette race soit si peu connue
alors que l'élevage et la multiplication du bétail trypanotolérant est en plein
essor pour lutter contre la trypanosomiase animale africaine.
D'après
notre étude, la différence la plus significative entre les deux systèmes
d'élevage réside dans un taux de mortalité plus élevé dans les troupeaux
transhumants, avec, pour corollaire, un taux d'exploitation plus faible de ces
troupeaux.
Les
résultats mettent en évidence les principaux obstacles à l'amélioration de ce
bétail. Le stress nutritionnel demeure le facteur limitant essentiel, car il
provoque d'importantes variations de poids et affecte le pouvoir fécondant des
animaux. L'amélioration de la production fourragère ou une meilleure
utilisation des ressources disponibles pourrait contribuer à résoudre les
problèmes d'alimentation et à améliorer les paramètres.
Les différences
de productivité enregistrées entre les troupeaux démontrent que les aptitudes
des éleveurs jouent un rôle déterminant et tendent à prouver qu'une meilleure
extériorisation des capacités productives est possible par le biais d'une
meilleure conduite du troupeau.
La
commercialisation du bétail existe, mais ses circuits sont organisés de manière
anarchique; une promotion du marché de la viande à travers différentes actions
(organisation, infrastructures, etc.) est indispensable: en connaissant le coût
de production et en établissant des prix rémunérateurs, on peut mieux valoriser
les opérations de commercialisation.
La
variabilité génétique ne peut être exploitée tant que l'on n'est pas en mesure
de fournir aux animaux, durant toute l'année, au moins 1,5 fois l'énergie
alimentaire nécessaire à l'entretien (McDowell, cité par Landais, 1983).
Cela
revient à dire qu'il est illusoire d'attendre des résultats par la sélection
dans la plupart des systèmes extensifs herbagers d'Afrique tropicale. Il serait
simpliste d'espérer mettre en place un programme d'amélioration génétique en
milieu traditionnel avant que les conditions d'élevage n'aient été améliorées,
et ce en évitant l'introduction de sang exogène (N'Dama ou autre).
La culture
attelée introduite dans les années 70 a permis aux agriculteurs d'augmenter
leurs revenus et d'acquérir un cheptel bovin qu'ils ne confient parfois même
plus aux éleveurs traditionnels.
Les éleveurs, pour éviter une exploitation
trop importante de leurs troupeaux, ont défriché des terres pour y planter des
céréales pour leur autoconsommation.
Certains éleveurs Foulbés ont commencé à
recourir à la traction attelée pour augmenter leurs emblavures de coton.
Leurs
femmes commencent à transformer le lait en fromage, opération interdite
jusqu'il y a peu de temps.
La sédentarisation va se généralisant, les éleveurs
préférant envoyer leurs enfants en transhumance avec une moins grande partie du
troupeau. Le monde rural est en évolution, et il faut se méfier des trop
nombreux clichés qui ne sont plus de mise.
Qu'il
s'agisse d'un système de production ou d'un mode de vie, la transhumance est
une voie sans issue, trop peu productif et trop consommateur d'espace dans un
environnement qui se rétrécit. Ce système d'élevage doit évoluer en s'intégrant
à l'agriculture, à moins de disparaître.
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nationale de développement de l'élevage). 1990. Les éleveurs MBororo, étude socio-économique.
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CIPEA, Addis-Abeba.
Catégories
d'animaux bovins
Femelles
Vache:
|
femelle en
âge de reproduction
|
Génisse:
|
jeune
femelle de plus de 12 mois jusqu'à la première mise bas
|
Velle:
|
jeune
femelle de la naissance à 12 mois
|
Mâles
Taureau:
|
mâle en
âge de reproduction (3 ans et plus)
|
Taurillon:
|
jeune mâle
de plus de 12 mois jusqu'à 3 ans
|
Bœuf:
|
mâle
castré
|
Veau:
|
jeune mâle
de la naissance à 12 mois
|
Définition
des paramètres de reproduction et de production
Taux de
fécondité (Tf)
Nombre de
naissances vivantes au cours de l'année (p) rapporté au nombre de femelles en
âge de reproduire (a)
Tf = (p/a) x
100. On parle aussi de taux de vêlage.
Taux de
mortalité (Tm)
Nombre de
mortalités enregistrées au cours de l'année (m) rapporté
à l'effectif du troupeau (t)
à l'effectif du troupeau (t)
Tm = (m/t) x
100. Ce paramètre se calcule pour chaque catégorie d'animaux.
Taux
d'exploitation (Te)
Nombre d'animaux
vendus, abattus, perdus, donnés ou retirés de confiage au cours de l'année (e)
rapporté à l'effectif moyen du troupe au (E = (effectif début d'année +
effectif fin d'année)/2)
Te =
(e/E)/100
Le taux
d'exploitation potentiel se traduit par le nombre de naissances auquel on
soustrait le nombre de mortalités, rapporté à l'effectif du troupeau.
Taux de
croît (Tc)
Ce taux
exprime la variation d'effectif d'une année à l'autre
Tc =
(effectif fin d'année - effectif début d'année) x 100/effectif début d'année
Etapes du
calcul de l'indice de productivité
Paramètres
|
Code
|
Calcul
|
Viabilité
des femelles adultes (%)
|
A
|
|
Taux de
fécondité (%)
|
B
|
|
Viabilité
des veaux jusqu'à 12 mois (%
|
C
|
|
Veaux
atteignant 1 an (%)
|
D
|
(BxC)/100
|
Poids des
veaux à 1 an (kg)
|
E
|
|
Lait trait
par an (kg)
|
F
|
|
Vaches
achevant une lactation1 (%)
|
G
|
C+((100-C)/2)
|
Equivalent
en poids vif de lait trait2 (kg)
|
H
|
(Fx(G/100))/9
|
Poids
total des veaux de 1 an produit par vache3 (kg)
|
1
|
Ex(D/100)
|
Indice de
productivité par vache et par an4 (kg)
|
J
|
((H+I)/(A+(100-A)/2))x100
|
Poids des
femelles adultes (kg)
|
K
|
|
Indice de
productivité5 (kg)
|
IP
|
J/(K/100)
|
1 Une vache dont le veau meurt durant
la période de lactation est considérée comme ayant produit du lait pendant la
moitié de cette période.
2 Facteur de conversion de Drewry
et al., (cité par FAO, 1980).
3 Poids des veaux de 1 an plus
l'équivalent en poids vif de lait trait par vache élevée.
4 Une vache mourant durant une année
est considérée comme ayant
été maintenue pendant la moitié de l'année.
été maintenue pendant la moitié de l'année.
5 Poids des veaux de 1 an plus
l'équivalent en poids vif de lait trait par 100 kg de vache élevée par an.
Source:
J.-P. Dehoux
et G. Hounsou-Ve
Adresse des
auteurs: Projet de développement pastoral intégré dans le Borgou, Phase II
(FAO), B.P. 23, Parakou, Bénin.
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